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Zoom Afrique du 11 décembre 2023

Zoom Afrique du 11 décembre 2023

Les titres de la rédaction :

  • La Chine lève les droits de douane sur les importations de six pays africains, dont la RDC
  • Cemac : la Guinée équatoriale veut devenir une plaque tournante pour la fourniture d’équipements biélorusses
  • Togo : un don en matériel agricole au profit de 78 coopératives de femmes
  • Lait : la production du Cameroun a progressé de 5% pour se situer à 110 374 tonnes au 31 août 2023

Les analyses de la rédaction :

1. Burkina: mis en garde contre « les valets locaux de l’impérialisme » 

D’entrée, le président de la Transition Ibrahim Traoré a rendu hommage à toutes les forces combattantes et ceux qui contribuent à l’effort de paix dans son discours à l’occasion du 63e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso. 

Le président de la transition au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a appelé ce dimanche les « égarés » et les « valets locaux de l’impérialisme » qui favorisent le terrorisme à déposer les armes avant intensification prochaine des opérations militaires.   

En effet, lors de son message à la Nation, prononcé en faveur de la célébration du 63ᵉ anniversaire de l’accession à l’indépendance du Burkina, le capitaine Traoré est revenu sur la situation sécuritaire du pays, marqué par des attaques terroristes.  

« Il y a de cela plusieurs années, le Burkina Faso connaît sa page la plus sombre de l’histoire. Ce terrorisme qui nous est imposé, qui nous endeuille et qui nous empêche de vivre, n’est qu’une manifestation violente de l’impérialisme », a déclaré le capitaine Ibrahim Traoré.  

« J’irai mettre en garde les valets locaux de l’impérialisme qui sont à l’arrière, ici avec nous, à l’intérieur du pays comme à l’extérieur, de changer de fusil d’épaule parce qu’il est temps qu’on arrête et qu’on puisse voir dans la même direction et agir pour que le Burkina Faso puisse recouvrer la paix. « Nous n’irons plus dérouler le tapis rouge à ces valets locaux parce qu’il y a un temps à toute chose », a-t-il indiqué.  

« Ces impérialistes, en plus de piller nos états, en plus de nous spolier à travers les valets locaux qu’ils ont mis à la tête de nos états, état d’ailleurs qu’ils considèrent comme étant leur sous-préfecture, aujourd’hui ont atteint leur paroxysme à nous envoyer un ordre de criminel qui tue hommes, femmes et enfants. Nous supposons que c’est l’apogée de l’impérialisme et du néocolonialisme. « Le vaillant peuple du Burkina Faso va les accompagner dans le déclin », a poursuivi le chef de l’État burkinabè.   

« Il y a un an de cela, nous nous sommes offusqués et avons exprimé notre révolte contre la manière de mener cette guerre. Le peuple nous a confié une mission. Nous ne doutons aucunement de notre peuple, de sa vaillance, de sa résilience, ce peuple qui n’abdique jamais, qui n’abandonne pas, qui fait face à l’adversité », a-t-il souligné.  

« Nous avons décidé en toute âme et conscience de prendre la destinée de cette patrie et de mener la guerre, car la guerre pourrait perdurer si jamais on ne la menait pas, comme en témoignent ces cellules dormantes qui se sont subitement réveillées lorsque nous avons déclenché le combat », a ajouté Ibrahim Traoré. 

« Ces derniers jours, vous avez pu remarquer l’intensité de la bataille, ce qui nous réconforte dans notre thèse qu’il y avait plusieurs cellules dormantes destinées à entretenir cette guerre pendant des décennies. », a-t-il déploré.   

« Ces actes de désespoir sont des signes cliniques du déclin qui se précise ». « Rassurez-vous, le vaillant peuple du Burkina va les accompagner dans le déclin », a-t-il ajouté.  

« En arrivant à la tête de l’État, nous avons trouvé une armée en sous-effectif, mal équipée, mal organisée, peut-être mal entraînée. Il s’agissait, dans un premier temps, de faire appel rapidement aux VDP (Volontaires pour la défense de la patrie) qui ont répondu, et aussi de les équiper, ce qui ne fut pas une tâche facile. Dieu merci, nous y sommes parvenus à équiper tous ceux que nous avons recrutés », selon le capitaine Ibrahim Traoré. 

« Aujourd’hui, les unités sont équipées et ça continue de s’accroître parce que nous voulons d’une armée professionnelle ; une armée qui va défendre le Burkina Faso à l’intérieur de ses frontières, même au-delà, mais pour l’intérêt du peuple burkinabé », a-t-il assuré.    

En 2024, des efforts supplémentaires seront demandés aux travailleurs du public, du privé et aux entreprises pour augmenter la prise en charge des VDP de 35 % et leur procurer une assurance-vie, a-t-il promis.    

Par ailleurs, « le Burkina dispose aujourd’hui de moyens aériens de dernière génération. Les terroristes peuvent encore se déplacer d’un point A à un point B, voire mener des attaques, mais ils ne pourront pas repartir tranquillement d’où ils sont venus… sans être “traités avec succès”, a dit le chef de l’État. 

En 2023, l’armée de terre a recruté plus de 11 000 hommes et 5000 autres sont en phase d’être recrutés dans les jours à venir, a-t-il souligné.   

“Des efforts supplémentaires seront demandés aux travailleurs du public, du privé et aux entreprises, en 2024, pour augmenter la prise en charge des VDP.  

‘Merci au peuple d’avoir compris le besoin de faire sa propre guerre une fois pour toutes’, a conclu le capitaine Traoré. 

2. L’AES ; une alliance qui contre la France 

Le Burkina Faso et le Niger emboîtent le pas du Mali. En effet, le Burkina Faso révise sa Constitution et relègue le français au rang de ‘langue de travail’. Aussi, d’un commun accord, le Mali et le Niger viennent à nouveau de décider, de mettre fin à deux conventions signées avec la France en matière de coopération fiscale. C’était le mardi 5 décembre dernier. 

Les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) semblent engager à tourner définitivement la page de la France, l’ex-pays colonisateur. Après le Mali, le Burkina Faso a adopté, le 6 décembre dernier, un projet de loi révisant la Constitution qui consacrera les langues nationales comme langues officielles à la place du français qui sera désormais relégué au rang de ‘langue de travail’. En outre, le Mali et le Niger ont, à travers un communiqué conjoint, décidé de mettre fin à deux conventions signées avec la France en matière de coopération fiscale. 

Au Burkina Faso, le gouvernement a précisé dans le compte-rendu du Conseil des ministres que ce projet de loi ‘s’inscrit dans le cadre de la réalisation d’une des principales missions de la transition qui consiste à engager des réformes politiques, administratives et institutionnelles en vue de renforcer la culture démocratique et consolider l’État de droit’. 

Ce nouveau texte prévoit ‘l’érection des langues nationales en langues officielles en lieu et place du français qui devient la langue de travail’. Faut-il rappeler que courant cette année, le Mali avait modifié sa Constitution par référendum et réservé le même sort au français.

D’ailleurs, c’est le premier pays de l’Afrique de l’Ouest à l’avoir fait. Et quelques mois après, un autre pays de l’Afrique de l’Ouest souhaite aussi engager des réformes politiques et institutionnelles pour officialiser ses langues nationales et reléguer le français comme langue de travail. 

Aussi, ce projet de loi, qui sera soumis l’Assemblée législative de transition pour vote, prévoit également ‘l’institution de mécanismes traditionnels et alternatifs de règlement des différends’. Par ailleurs, le Conseil constitutionnel voit ainsi ses missions élargies tandis que des institutions sont supprimées comme la Haute-Cour de justice, qui jugeait les hautes personnalités politiques ou le Médiateur du Faso. En outre, le statut de la puissante Agence nationale du renseignement (ANR) sera renforcé en étant désormais sanctuarisé dans la Constitution. 

Arrivé au pouvoir en septembre 2022, à la suite d’un coup d’État, le Capitaine Ibrahim Traoré avait promis, il y a deux mois, une modification partielle de la Constitution. Cela en réponse aux nombreuses manifestations des populations burkinabè, demandant l’adoption d’une nouvelle Constitution. Aussi, le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachim Kyelem de Tembela avait laissé entendre, faisant allusion à de textes calqués sur la Constitution française que ‘l’écriture d’une nouvelle Constitution est une question de souveraineté politique, économique et culturelle. Nul ne peut s’épanouir réellement à partir des concepts d’autrui’. 

Le Mali et le Niger ont, d’un commun accord, décidé de mettre fin à deux conventions signées avec la France en matière de coopération fiscale. L’annonce a été faite le 5 décembre dernier, à travers un communiqué conjoint de deux États. Selon le communiqué, cette décision doit être effective dans un délai de trois (3) mois. Pour le Mali, il s’agit de la convention tendant à ‘éviter les doubles impositions et à rétablir les règles d’assistance réciproque en matière d’impôts sur le revenu, d’impôts sur les successions, de droits d’enregistrement et de droits de timbre’ datant du 22 septembre 1972. A propos de la République nigérienne, l’accord tend ‘à éliminer les doubles impositions et à établir les règles d’assistance mutuelle administrative en matière fiscale’. 

Le Mali et le Niger ont dénoncé conjointement dans leur document ‘l’attitude hostile persistante de la France envers les deux pays, qui engendre un manque à gagner considérable pour les deux pays’. Ils précisent aussi que leur décision commune de rompre avec ces conventions consiste à ‘préserver les intérêts supérieurs de leurs pays’. 

Rappelons que les autorités burkinabè ont aussi mis fin à cette convention fiscale le 7 août dernier. Cette décision fait suite à des désaccords économiques persistants et à la suspension de l’aide au développement française. Désormais, les trois pays qui constituent l’Alliance des États du Sahel ont tous dénoncé les conventions signées avec la France en matière fiscale. 

3. La CEDEAO s’isole encore plus 

Les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont penchés sur la situation sociopolitique et sécuritaire dans la région et particulièrement au Sahel. La situation au Mali, au Burkina, au Niger et en Guinée a été évoquée avec une ouverture conditionnée pour leur réintégration dans la CEDEAO. Les sanctions prises contre le Niger sont maintenues et trois chefs d’État sont désignés pour y mener une médiation en vue de dénouer la situation. 

Dans son discours d’ouverture du 64ᵉ sommet le dimanche 10 décembre 2023 à Abuja, le Président du Nigeria et par ailleurs le Président en exercice de la CEDEAO, Bola Ahmed Tinubu, a appelé à la pratique de certaines mesures visant à éviter les coups d’État et a adressé une invite aux pays suspendus pour réintégrer la Communauté.  

Le Président en exercice de la CEDEAO a imploré les dirigeants ouest-africains de donner la priorité à la bonne gouvernance et à la prospérité collective en tant qu’outils essentiels pour empêcher les prises de pouvoir autoritaires et les changements anticonstitutionnels de gouvernement dans la région.  

Le Président Tinubu a réagi à la récente décision de certains États membres de la CEDEAO de lancer une ‘Alliance des États du Sahel’ (AES) et l’a qualifiée de ‘diversion’.  

Sur ce qui semble être le sujet brûlant de ce sommet, Tinubu a abordé les sanctions de la CEDEAO imposées dans les pays qui ont connu de coup de force et a annoncé une ouverture si certaines conditions sont remplies. 

Poursuivant son discours, Tinubu a déclaré que ‘je voudrais réitérer l’impératif de réengager le dialogue avec ces pays sur la base de plans de transition réalistes et courts, susceptibles de garantir la démocratie et la bonne gouvernance. De notre côté, nous devons être prêts à leur fournir un soutien technique et matériel pour garantir la réalisation de ces objectifs stratégiques’. 

Sur la situation au Niger, la CEDEAO a mis en place un comité de trois dirigeants pour négocier avec les militaires du Niger une transition vers un régime démocratique et envisager un assouplissement des sanctions. 

L’ensemble des sanctions imposées par la CEDEAO au Niger sont maintenues, y compris la possibilité d’intervention militaire. De plus, ⁠la CEDEAO exige la libération immédiate du président déchu Mohammed Bazoum, sa famille et tous les détenus politiques.  

Concernant le Mali, le Sommet a levé l’interdiction de voyage pour le Premier ministre Choguel Maïga et le Président de Transition, le Colonel Assimi Goita. 

Cela dit, on peut voir que l’Alliance des États du Sahel a fait son effet. 

Les dirigeants de la CEDEAO ont réitéré leur engagement à lutter contre le terrorisme et d’autres menaces à la paix, à la sécurité et à la stabilité dans la région. Une décision qui intervient alors que le terrorisme fait rage dans la région du Sahel depuis plus d’une décennie sans aucune réaction de l’organisation. 

Les dirigeants ouest-africains se sont finalement réveillés estimant nécessaire de revoir d’urgence les efforts visant à activer une force en attente pour les opérations antiterroristes dans les zones infestées par des groupes terroristes. 

La décision de la CEDEAO en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme semble bienvenue alors que la situation sécuritaire de la région n’est pas sous contrôle du fait des attaques terroristes. Cependant il convient de noter qu’elle est survenue un peu tardivement et à un moment où, certains États ont dû prendre les dispositions radicales pour tenter de retrouver la pleine autorité sur leur territoire face à l’inaction de la CEDEAO durant plus de dix ans. 

Le Niger, le Mali et le Burkina Faso, trois pays dirigés par des militaires qui ont pris le pouvoir et évoqué la même situation sécuritaire au sahel, ont donc décidé de s’unir dans une organisation dénommée l’Alliance des États du Sahel (AES), pour faire ensemble, ce que la CEDEAO et ses États membres auraient dû faire dès le début de la crise sécuritaire dans la région ; au lieu de cela, l’organisation a semblé laisser cette tâche à la France et d’autres puissances.  

Il a donc fallu les coups d’État et la naissance de l’Alliance des États du Sahel, pour que la CEDEAO se rende enfin compte de la situation et de ce qu’elle doit défendre ses États membres et trouver toujours la manière d’éviter d’atteindre l’extrême avant de réagir. 

Les sanctions sont tout de même maintenues, et le caractère insultant quant aux nombreuses initiatives du Mali, du Burkina et du Niger concernant la reconquête de leur souveraineté, continue, donc selon certains experts, cette aide pourrait même être un cadeau empoisonné. Reste à savoir si les pays du Sahel accepteront la fameuse aide de la CEDEAO, alors que l’organisation n’a même pas daigné lever les sanctions qu’elle a imposées à des pays censés être frère. Quoi qu’il en soit, la force de l’Alliance des États du Sahel met une pression considérable sur l’organisation sous-régionale, qui semble persister à rester sur la pente savonneuse, car tout comme le G5 Sahel, elle risque tout simplement de disparaître.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV